« Ghost Town »
Quoi de plus impressionnant qu’un village entier abandonné? C’est très déconcertant de se balader dans un tel endroit, où chacune des maisons que l’on croise est une possible exploration, bien qu’elles soient toutes taguées ou saccagées…
DÉCOUVERTE
Avec le Château Miranda, c’est sans doute l’un des spots les plus connus de Belgique, mais pas seulement des explorateurs, aussi des graffeurs, promeneurs lambda et des artistes. Pendant les vacances scolaires ou le weekend, on peut facilement voir des créateurs y venir pour des performances ou des projets photographiques.
HISTOIRE
Doel vient du néerlandais « De Doolen » signifiant « digue » mais suite à l’occupation Française, la dénomination « Doel » fut adoptée.
Le village était jadis entouré de marécages (aujourd’hui asséchés), qui profita aux agriculteurs de la région à la récolte de la tourbe à partir du XIIIe siècle. L’extraction de tourbe dans la zone marécageuse eut pour effet d’abaisser le niveau du sol en de nombreux endroits puis de rendre la zone vulnérable aux inondations, mais ce n’était pas la seule raison, car cette partie du pays possède des sols très bas nécessitant la construction d’une digue.
Cependant, Doel fut tout de même inondé de nombreuses fois durant le XVIe siècle (la plus connue de ces inondations est Allerheiligenvloed, «marée de Toussaint») et ensuite submergée volontairement à titre stratégique lors du siège d’Anvers par Alexandre Farnèse durant la guerre de Quatre-Vingts Ans, elles fussent au final un énorme échec, car Doel resta sous la domination des Etats-généraux.
Ensuite, Doel fut une première fois abandonné à cause des inondations de l’Escaut au XVIIe siècle. Ce qu’il en restait n’avait qu’un but militaire et abritait la garnison hollandaise. Ce n’est qu’en 1614 que la décision fut prise d’endiguer et assécher tout ce qui se trouvait autour du village, naissance à proprement parler du « Doel moderne ». Ce fut l’une des rares villes basées sur une urbanisation géométrique; une solution qui permettait de camoufler les jardins et d’y accéder par de petites ruelles closes.
Jadis, le village et ses alentours formaient une sorte d’île délimitée par l’Escaut et les vasières, on peut encore voir cette délimitation formée par la digue nord.
En 1792, la paroisse de Doel devint indépendante de celle de Kieldrecht et la ville devint une commune des Pays-Bas du Sud.
En 1830, lors de l’indépendance de la Belgique, le village était un terrain de guerre pour la bataille d’Anvers, une nouvelle fois. Ce n’est qu’en fin 1832 que les Belges aidés des troupes françaises réussirent à reprendre Anvers aux Hollandais; mais comme avec notre fidèle village Gaulois, deux irréductibles garnisons Hollandaises sont restées dans les forts de Liefkenshoek et Lillo jusqu’à la signature du traité de 1839. C’est alors que Doel devint une commune autonome.
À partir de la fin du XIXe siècle, les habitants de Doel vivaient principalement de l’agriculture et de la pêche, tandis qu’une minorité travaillait à la sucrerie.
En 1944, la ville fut libérée de l’occupation, mais elle souffrit des bombardements de V1 et V2 (68 en tout faisant 13 morts et détruisant plus d’une trentaine de maisons).
En 1963, commencèrent les premiers travaux d’expansion du port d’Anvers, ce qui engendra ensuite, en 1968, une interdiction de construire sur le territoire du village. Interdiction qui sera levée 10 ans plus tard grâce à une récession économique.
La centrale fut, elle, commencée en 1969 à 1 km seulement de Doel.
En 1975, le village fusionna avec quelques communes environnantes pour constituer l’entité de Beveren.
En 1995, d’important projet furent réfléchis menaçant peu à peu Doel. Ce qui lançant un grand nombre de mobilisations et verdicts juridiques pour la préservation du village (notamment l’association Doel 2020). Les habitants étaient divisés, entre ceux qui voulaient rester, et ceux qui voulaient avoir un droit d’expropriation clair et précis. C’est qu’en 1999 que le gouvernement Flamand décida que la ville ne serait plus considéré comme résidentielle, décision qui failli être révoquée en 2002 mais, par des complications juridiques et gouvernementales, restèrent en vigueur et laissèrent l’affaire en suspens.
C’est donc à compter de cette date que les habitants commencèrent à quitter Doel, mais en gardant un droit sur leur maison d’origine. En 2003, il ne restait plus que 200 habitants, l’école fut définitivement fermée en septembre de la même année à la vue du nombre très minime d’élèves inscrits.
Malgré ça, en 2006, on vit une augmentation légère de la population, elle fut expliquée par un petit nombre de locataires venus vivre dans certaines maisons vacantes (dont les propriétaires expropriés profitait de louer pour se faire de l’argent) et d’autres étaient très largement squattées, pourtant, c’était une situation toléré par la commune de Beveren, ce qui parait étonnant, car à cette époque elle fut considérée comme une zone de non-droit, ce qui énerva le bourgmestre qui instaura la tolérance zéro par la suite (qui n’est pas tellement respectée de nos jours, cela dit).
En fin 2007, une interdiction de démolition fut signée pour Doel, mais la moitié du village avait réussi à avoir des permis de démolition, une grosse partie des maisons furent détruites. Hors, grâce à Doel 2020 et les habitants restant, une grosse partie du village reste encore debout de nos jours et cela risque de durer encore longtemps, et ça fait le bonheur d’un bons nombres de personnes aux diverses passions.
Je tiens à préciser que c’est un résumé historique du village tiré de Wikipédia, toute ressemblance est donc normale. Il y a aussi beaucoup de lieux et de précisions, mais dans la logique, c’est un village qui n’est un secret pour personne, il est très connu dans le monde de l’Urbex, et est très facilement identifiable rien qu’avec son nom, donc je vous demanderai d’être compréhensible par rapport à ça, merci.
L’IMPRESSION
Comment ne pas avoir les yeux écarquillés devant un tel village abandonné qui ne parait pas si vieux que ça? On s’en prend plein la vue et même si la plupart des maisons sont taguées ou saccagées, cela instaure une ambiance homogène qui n’est pas gênante du tout. C’est ce qui fait le charme de Doel. Par ailleurs, c’est les maisons encore habitées qui paraissent bizarres.
Bien-sûr, dans un sens, il faut respecter la tranquillité du peu d’habitants encore présents, mais à ce que j’ai vu, le seul restaurant restant rentre facilement dans ses recettes avec le nombre de voyageurs et photographes qui y mangent chaque jours, je souhaite que ça continue ainsi.
Une grande majorité des maisons sont ouvertes malgré les plaques, et c’est une chose que chaque explorateur devrait vivre au moins une fois; de pouvoir explorer chacune des bâtisses que l’ont croise côte à côte dans une ville; c’est une expérience unique même si, dans la plupart des cas, il n’y a rien d’intéressant à voir.
Le village en lui même est très beau, dans une architecture assez respectée et c’est agréable, en plus de la multitude de couleurs que nous offrent les graffs. Une superbe visite qui tient sur une bonne grosse après-midi.
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