Non loin du Palais de Justice de Douai, gît, au coin de la rue des Fransures et la rue du Pont du Rivage, la fameuse « Borne à Clous ». Véritable pierre entourée de légende et mystères en tout genre…
Jadis, selon les légendes, enfoncer un clous dans un arbre, une statue ou une roche était synonyme de superstitions, de croyances. D’autant quand il s’agit d’un mégalithe orienté vers le ciel, une abondance de pouvoirs occultes et sacrés en ressortait. Qu’on l’utilise pour faire un vœux, pour le salut, la richesse, l’amour, l’asile, les bienfaits ou la damnation, pour le malheur d’autrui ou éloigner les mauvais esprits, pour la bravoure ou les actes païens… Ces « blocs » ont toujours été selon les croyances une union entre l’humanité et les dieux.
Selon certains historiens, on rattacherait cette borne à la tradition des menhirs à clous. Des mégalithes qui aurait des liens de parenté spirituel et étroit avec les arbres à clous qui accompagnaient la région aux temps Gaulois. Mais il n’y aucun certitude quant à la véritable origine de cette pierre en gré assez dure. D’autres avances la théorie des chevaliers qui, au retour de guerre, prouveraient leur bravoure, et aussi la fidélité envers leur épouse, en y enfonçant un clou, véritable démonstration de force pour l’époque. Mais, il semblerait, à première vue, que cette roche a été déposée là au siècle dernier ou XIXe Siècle, ou même avant, pour servir de Chasse-roue, pour protéger les murs au bord des rues étroites, portes cochère ou angles…
En regardant plus en détail, on peut remarquer assez facilement qu’une étoile de David y a été gravée, signe qui, aujourd’hui rattaché au judaïsme, était, au Moyen-Âge et jusqu’au XVIIe Siècle, une marque protectrice rattachée à l’Alchimie. C’en était d’ailleurs un des symboles majeurs. Par ailleurs, Douai était auparavant une grande ville brassicole, on pouvait observer, non loin de là jusqu’au XVIe siècle, la brasserie du Hacquebart, mais aussi, dans la rue du Pont du Rivage, la Brasserie de l’Éléphant, mais tous brasseurs s’identifiaient sous un même emblème, l’étoile des brasseurs ou au XIXe Siècle avec le pentagramme (Il y en a encore un visible sur les vitraux et les sgraffite de la tour de la Brasserie de la Motte-Cordonnier d’Armentières), peut-être que ce signe est lié à cela aussi…
Une dernière histoire surgît néanmoins, plus justifiée. « Les Pierres de Justice » utilisées au Moyen-Âge aussi bien en Flandres qu’en France (Douai étant en Flamande Romane jusqu’en 1678 puis en Flandre Wallonne Française jusqu’en 1789). Une pierre était utilisée pour prouver l’innocence d’un condamné, il devait réussir à enfoncer un clou, à mains nues, dans le gré (Les méthodes médiévales absurdes…). Elles étaient toujours disposées aux coins des rues. Aujourd’hui, un très grand nombre ont disparues…
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