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L’Hermione

Rochefort est la ville moyenne Charentaise par excellence, bien que son passé militaire est extrêmement présent, avec ses rues perpendiculaires, son immense hôpital naval et son ancien port militaire (où se trouvait l’ancienne corderie royale, maintenant musée). Non loin de celui-ci d’ailleurs se trouve notamment le musée de la marine et plus précisément l’Hermione amarré sur ses quais.

Frégate polyvalente, longue de 66 mètres de long, elle pouvait embarquer 316 hommes lors de sa première mise à  l’eau le 28 avril 1779. Trois mâts classique, elle pouvait atteindre 14,5 nœuds, elle était armée de vingt-six canons de douze livres et huit canons de six livres. Le pont Gaillard servait à la manœuvre, tandis que le pont de batterie était considéré comme le principal et juste en dessous se trouvait le Faux-pont, sous le niveau de la mer, il servait pour les couchettes, le stockage et les cuisines.

Mise en chantier en décembre 1778 à l’arsenal de Rochefort sur des plans de Chevillard Aîné, pendant la guerre d’indépendance des Etats-Unis où les arsenaux Français fonctionnait à plein régime. La frégate est mise à l’eau le 28 avril 1779, ce qui dit, un temps de construction extrêmement rapide, elle est mâtée le 30 avril et armée le 11 mai. Testé dans le golfe de Gascogne sous le commandement de La Touche-Tréville, qui n’était pas encore, à cette époque, futur commandant en chef de la marine de Napoléon.

Alors qu’elle a quitté Rochefort le 18 mai 1779, elle prend directement en chasse plusieurs navires corsaires anglais, elle capture la Defiance, puis la Lady’s Resolution of London le lendemain, ils sont rapidement conduits à l’arsenal de Rochefort.

Après divers incidents sur le petit mât, le 17 juin de la même année, la frégate quitte Port-des-Barques pour une mission avec la Médée et la Courageuse, pour virer des côtes Françaises le HMS Jupiter. Après cela, elle part pour l’île de Ré dans le but d’escorter un grand convoi de navires marchands en Bretagne. Elle subit ensuite des travaux d’entretiens près de Royan.

Fin juillet, toujours avec la Courageuse, elles partent pour le Portugal avec un convoi de navires pour aller à la rencontre d’une flotte espagnole alliée accompagnée de la frégate Santa Margarita pour pouvoir capturer Hawk, un corsaire anglais.

Après cela, et après une escale à La Corogne, la frégate quitte la ville en septembre pour retourner à Brest, où elle rejoint la flotte Française alors en mouillage alors que le comte d’Orvilliers venait d’être démis de ses fonctions suite au ratage du débarquement Franco-Espagnol en Angleterre.

Début octobre, après son approvisionnement, elle part pour capturer le navire anglais Anna en provenance de Jamaïque. Elle fait ensuite une doublette avec la Marie et le Pélican avant de retourner à Rochefort en novembre.

Pour pouvoir améliorer sa vitesse et éviter les parasites sur la coque, la frégate est équipée d’un doublage de cuivre. Pour enfin quitter Rochefort fin janvier 1780 toujours commandée par Latouche-Tréville. Après quelques escortes et une rénovation, elle permet d’embarquer Lafayette et toute sa suite à Port-de-Barques le 10 mars 1780 puis ensuite partir en direction de l’ouest. L’approche des côtes américaines est annoncée le 22 avril et rentre dans le port de Marblehead quelques jours plus tard avant qu’une nouvelle fois se remettre en route vers Boston le 28. Lafayette y débarque pour annoncer l’envoi de renforts Français au général Washington.

Début mai, Latouche embarque les principaux membres du conseil de l’Etat du Massachussetts et d’autres personnalités comme John Hancock. La frégate est donc mise à disposition contre les corsaires anglais visant le commerce local. Mi mai, ensuite, elle se met en route de Castine pour se mettre en chasse de deux navires avant de revenir en sécurité à Boston. Elle fera ainsi plusieurs incursion en quête de captures, elle arrêtera notamment le Thomas of Irvine et le Ruovery non loin de Long Island.

Suite à un combat acharné d’une heure et demi le 7 juin face à la frégate Iris, toujours au large de Long Island, l’Hermione subira d’importants dommages, dont dix hommes tués, trente-sept blessés. Cet accrochage mènera à une polémique importante dans la presse, chaque commandant revendiquant la victoire. Le lendemain, alors que la frégate est amarrée à Newport pour des réparations et soigner les blessés, le chevalier de Fayolle se tue bêtement en s’assommant contre une des bouteilles du navire, il venait à la base pour porter un message venant de Lafayette. Suite à ses endommagements récemment réparés, elle n’effectue que de courtes navigations durant une semaine alors que plusieurs bâtiments anglais rôdent dans la zone.

Le 4 juillet, Latouche tire plusieurs salves pour célébrer les quatre ans de la déclaration d’indépendance des 13 premiers états des Etats-Unis. Le 11 juillet, la flotte Française arrive à Newport transportant le corps expéditionnaire, puis suivent trente navires de transport d’escadrons commandés par le chevalier de Ternay, le Duc de Bourgogne se trouvait dans la flotte. Avec toujours un risque d’attaque anglaise, la défense est déployée dans la ville et dans la baie de Narraganset, l’Hermione étant stationnée du 1er aout au 9 octobre au nord de Goat Island en compagnie de la Surveillante et l’Amazone.

Le commandant des troupes, vicomte de Rochambeau, devant retourner en France pour une demande de troupes au roi, une protection est organisé de la part de l’Hermione et la Surveillante pour défendre le départ de l’Amazone. Par la suite, quelques petites missions leur sont dédiés avant que la frégate retourne une nouvelle fois en travaux de réparations.

Pour soutenir Lafayette contre les troupes du général Arnold devant Portsmouth, l’Hermione part au sein de sept vaisseaux vers la baie de Chesapeake. Elle rentre en collision face à l’escadron menée par le vice-amiral Arbuthnot le 16 mars 1781, c’est alors que la bataille du cap Henry débute, l’escadron anglais tenant le dessus, la flotte Française a du mal à atteindre la baie et est contrainte de rebrousser chemin.

La frégate entreprend à postériori un écartement vers le fleuve Delaware pour atteindre Chester où elle pourra s’approvisionner en vivres qu’elle pourra déposer à Newport. Elle rejoindra une seconde fois le Delaware, après avoir aidé à escorter un convoi en direction de Saint-Domingue, où elle remontera jusque Philadelphie où elle fera escale pendant un demi mois, elle recevra la visite du président des congrès Samuel Huntington et des membres du Congrès de l’époque. De retour une nouvelle fois à Newport fin mai, elle se verra commandée par le comte de Barras nouvellement arrivé de France sur la Concorde

Après un long trajet avec l’Astrée, et après la capture de quatre navires marchands anglais, elles tombent nez à nez face à un convoi escorté de six bâtiments anglais. C’est à ce moment que la bataille navale de Louisbourg commence, combat qui dura deux heures, deux navires furent capturés, mais un réussi à s’enfuir de nuit. Malheureusement, les dégâts furent importants et six morts furent déclarés, cet affrontement fut peint par De Rossel. Suite à de fortes réparations, les deux frégates et le Sagittaire essayèrent de porter secours à la Magicienne en proie au Chatham, en vain, elle fut tout de même capturée.

Le 29 septembre, l’Hermione rejoint les forces de Barras dans la Baie de Chesapeake, elle participe donc à la décisive bataille de Yorktown. Elle assiste à la réédition des troupes anglaise de Cornwallis face aux insurgés menés par Washington le 19 octobre 1781, aidés par les troupes de Lafayette et de Rochambeau. A partir du 27 octobre, elle est postée en surveillance et signale très rapidement les renforts anglais du général Clinton, mais finalement, cette flotte fait demi-tour, donnant la faveur aux insurgés.

Le 21 janvier 1782, Latouche apprend qu’il doit revenir en France, l’Hermione quitte donc les côtes américaines le 2 février. Après un très long moment à quai, le 2 septembre, elle repart en compagnie d’une petite flotte en direction de l’océan indien pour aider De Suffren dans le conflit contre les Britanniques pour le contrôle du golfe du Bengale. Elle regagnera la France le 18 avril 1783.

Dix ans plus tard, pendant que la Révolution Français fait rage, et dans l’Ouest du pays, les ports sont atrocement touchés. L’Hermione, au milieu de tout cela reprend du service sous le commandement de Pierre Martin toujours pour le même genre de mission, des escortes, de la chasse de corsaire et fini par apporter son soutien aux troupes républicaines faces aux Vendéens. Elle participe ensuite à la défense des Sables-d’Olonne en mars puis à la défense de l’embouchure de la Loire pour protéger Nantes.

Le 20 septembre 1793 ou IVe jour complémentaire de l’an I de la République, elle essaye de sortir de l’estuaire de la Loire mais fini par sombrer à cause d’un pilote peu expérimenté qui l’avait permis se prendre des rochers. Des fouilles de 2005 ont permis de récupérer l’ancre de quatre mètre et une partie du gouvernail.

Au début des années 1990, une idée nait suite à la réhabilitation de l’arsenal de Rochefort, une reconstruction de navire d’époque, et l’Hermione est de suite choisie, ce qui donne naissance à l’association Hermione La Fayette. Je vous met ici, par lien, le processus précis de sa reconstruction: www.fregate-hermione.com/lhermione/sa-reconstruction/ Après 17 ans de chantier, en septembre 2014, elle est enfin terminée, et est vite classé en « Bateau d’intérêt Patrimonial ». Puis en 2015, avec un équipage formé spécialement pour, officie un voyage en Amérique pour refaire le trajet par les villes que l’Hermione d’origine a été.

Après une visite en Juillet 2020, ce bateau est vraiment impressionnant à voir et explorer petit à petit, doté de couleurs majestueuses, il représente vraiment un monument à part entière d’une taille vertigineuse et à l’histoire colossale bien que courte en durée. Fleurons de la marine militaire de l’époque, l’idée de le faire revivre était vraiment merveilleuse, surtout pour la ville de Rochefort qui est déjà importante avec sa Cordonnerie, son Hôpital et son Arsenal. Cela permettait aussi très facile d’en apprendre beaucoup plus sur la stratégie militaire navale, ses spécificités, et les nombreux, très nombreux métiers qui y sont liées, que ce soit à terre, comme les charpentiers de marine, ébéniste, ou en mer, comme avec le Bosco, les gabiers, le lieutenant de navigation, etc.

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